Journal filmé

Le journal filmé est une forme où le cinéma se met au service de l’expérience vécue, en assumant la subjectivité comme méthode. Intime sans être clos sur soi, il interroge la place de l’individu dans l’histoire, le social et le politique. Ce cycle propose trois manières d’écrire son propre journal par l’image et le montage, trois manières de transformer un vécu en geste de résistance.

Dans How to Save a Dead Friend (Marusya Syroechkovskaya, 2022), filmer un amour devient acte vital : l’autoportrait amoureux s’élargit en chronique d’une génération russe confrontée à la dépression et au silence imposé par l’autoritarisme. Avec Camarades (Ulysse Sorabella, 2024), c’est la précarité étudiante qui s’exprime, saisie de l’intérieur : un quotidien de galère et d’entraide, où la caméra documente la fin d’une adolescence et la conscience politique d’une jeunesse en lutte. Enfin, Ne croyez surtout pas que je hurle (Frank Beauvais, 2019) détourne le flux des films visionnés pour composer un autoportrait par procuration, où le montage devient le seul moyen de dire la solitude et la rage d’un moment historique.

Pris ensemble, ces trois films montrent que le journal filmé n’est pas qu’une écriture de soi : il engage un rapport au monde, il déplace les frontières entre privé et public, il invente une esthétique de l’urgence. Ils ouvrent ainsi un champ de réflexion sur le cinéma comme archive de l’intime et comme dispositif critique face aux formes de pouvoir et d’invisibilité.

Programme :

How to Save a Dead Friend — mercredi 5 novembre à 18hCamarades — vendredi 14 novembre à 19hNe croyez surtout pas que je hurle — mardi 18 novembre à 18h

Romain Lefebvre, [chargé de cours à Paris 8, co-fondateur de la revue Débordements et critique aux Cahiers du cinéma] conduira les échanges lors des séances consacrées à la projection de How to Save a Dead Friend  et Ne croyez surtout pas que je hurle .