Jean Eustache coupe à cœur

Couper est un mot de cinéma, du clap au montage ; couper à cœur, un salut à Marcel Pagnol. Comme celui-ci qu'il admirait tant, Jean Eustache a la passion de la parole, ce que parler veut dire et taire, les causes qui font causer. Et l'une est le cœur, les ruptures et ses peines, une éducation sentimentale à la Flaubert. En venant après la Nouvelle Vague, Jean Eustache tranche dans le lard des années 70 et le cinéma s'y fend le cœur. Doublant le documentaire par la fiction, il redouble aussi le second par le premier. Il joue ainsi des deux versants du cinéma comme les deux côtés du manteau du père Noël. Lui-même avait deux visages : de face, le dandy qui fréquentait les bistrots de Saint-Germain ; de dos, le prolétaire à l'accent originaire du sud-ouest.