Gratter la mer et repeindre le ciel

Année : 2021

Durée : 71 mn

Pays de production : France

Production : Caméléon production

En juillet 2020, comme l’ensemble de mes compatriotes, j’ai assisté, sidéré, à la marée noire causée par l’échouage du Wakashio sur les récifs du sud-est de l’île Maurice. Au milieu d’un grand tumulte médiatique international, comme des dizaines d’autres caméras venues du monde entier, la mienne a fixé ces images que nous connaissons tous, les mêmes qui défilent à chaque nouvelle marée noire : oiseaux mazoutés, populations démunies, moyens dérisoires et plages souillées. Des images vidées de leur sens tant nous nous y sommes habitués au fil des années.
Puis les caméras de télévisions sont reparties et je suis resté seul avec la mienne. Le turquoise de la mer est revenu, mais la torpeur retrouvée des villages côtiers n’a pas suffi à recouvrir le désarroi des habitants désormais livrés à eux-mêmes. Comment raconter ce moment d’après ? Que se passe-t-il une fois les yeux du monde refermés ? Une fois le mazout absorbé, les traumatismes disparaissent-ils aussi ?
C’est en réfléchissant à comment inscrire un film dans ce silence qui a suivi la catastrophe que j’ai rencontré Lionkklash, slameur et poète mauricien. Et c’est ainsi que tout à coup s’est imposée à nous l’urgence de faire ce film comme une tentative commune de permettre à ces hommes et ces femmes profondément blessés, de sublimer leur traumatisme par la poésie et l’écriture. De les aider à faire de ce mazout visqueux et noir qu’ils ont gratté jour et nuit, une couleur éclatante pour repeindre fièrement leur ciel et pour m’aider à redonner du sens aux premières images que j’avais faites dans l’urgence.

Arts / Culture

Environnement / Nature

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