Cargos, princesses et carrosseries

Jean Crié

« Cargos , princesses et carrosseries »

Jean Crié dessine le jour et peint la nuit . Et inversement . Il lui arrive de bouleverser l’ordre de ses nombreux rituels . Le matin , juste avant de verser son café réchauffé dans sa tasse , il positionne trois sucres à la verticale . Edifice fragile et éphémère , qu’il prend plaisir à voir s’effondrer en se désintégrant . Stumpy , matou et vieux complice, n’est jamais loin .

Jean peint et dessin sur la même table en Formica , indestructible , depuis de nombreuses années . Celle ci est multifonctionnelle : déjeuner , dîner , gouter , dessiner , inventer … Le chat se hisse souvent sur le support pour observer au plus près les gestes de son camarade humain . Quand celui ci écrit ses histoires à même les dessins , des saynètes étranges et drolatiques , dans lesquelles il est souvent question de pin up , de belles carrosseries et de princesses . Un mélange de fantasmes et de contes pour grand enfant .

Dresser le portrait ( documentaire) de Jean , cela signifie intégrer un univers peuplé de centaines de voitures de collections , ornant chaque pan de mur de l’appartement . Seule la salle de bain est épargnée : la chambre de jean est elle même saturée de reflets métalliques , de phares , de couleurs clinquantes . Jean dort avec ses voitures , on les retrouve souvent alignées près des oreillers comme des sentinelles .

Au commencement , le film révèle jean en se glissant de nuit chez lui , presque à la lumière des bougies . Il nous parle de ses premières maquettes de voiture , en carton . Nous en présente une , qu’il trouve toujours aussi féerique .D’autres séquences nous emmène dans son royaume , le magasin de loisirs scientifiques , rituel mensuel pour Jean : dès qu’il vend un dessin , il achète une nouvelle voiture … Nous rencontrons aussi un galeriste , Eric , qui le conseille sur le choix de ses couleurs , car jean doute parfois dans ses choix formels . Ainsi que Marthe , son amie artiste , véritable « princesse africaine » aux yeux admiratifs de Jean .

Soutenu par la Galerie Pol le Lantais , Jean pourrait être simplement étiqueté « Artiste Brut » . Vivant en semi autonomie dans son appartement , dépendant d’aides extérieures , il est pourtant simplement un artiste , avec ses obsessions , ses envies d’expérimentations et de dépassement de soi . Son travail , soutenu , s’expose et s’édite . Le film documentaire se finit sur un climax à la galerie Sterput de Bruxelles , dans laquelle jean , ému , rencontre de nombreux aficionados.