Prendre la parole

Prendre la parole, se faire entendre, mais aussi écouter, prendre en compte le point de vue de l’autre, sont autant de conditions nécessaires à l’instauration d’un débat public propre à dégager les éléments constitutifs d’un intérêt général.

Pourtant, ce modèle ne permet pas forcément de saisir d’où l’on parle, ni la manière dont les choses sont dites et entendues, ni les obstacles rencontrés pour intervenir dans l'espace public. C’est ainsi qu’il est critiqué depuis de nombreuses années, que ce soit par les féministes, les gender ou les cultural studies, se demandant comment certaines paroles ou modalités d’expression peuvent se faire entendre.

Ici, la forme documentaire propose des solutions : que ce soit pour parler du suivi médical au sein d’un centre de rétention administrative, de l’aide aux demandes d’asile politique de réfugiés du Darfour, de la pratique rock d’un groupe de jeunes autistes, du monde de la « folie » de certain.e.s habitant.e.s de Marseille, du combat d’Act-up, d’une radio interculturelle dans le nord de l’Irak en guerre, de la vie et du désir de jeunes parisiennes ou de cette zone grise qu’est la sexualité sans consentement, le documentaire adopte des points de vue permettant de donner la parole à celles et ceux qui, le plus souvent, sont parlé.e.s par d’autres.

Quelque part entre le « ferme-la » des dictatures et le « cause toujours » des démocraties, cette programmation des bibliothèques marseillaises vous emmène à la rencontre de ces paroles singulières, véritable constitution collective d’une pratique concrète permettant peut-être enfin de vivre ensemble ...